Accepter

Il est environ 22h ce vendredi 11 Mars 2011. Choqué, à terre. Plus un mot ne pourra sortir, seuls des cris de peur s’échapperont.

Attention, je préfère avertir les âmes sensibles : certaines photos ci-dessous pourraient heurter votre champ visuel :neutral:


Genou-07.jpgLe début du reste d’une vie commençait pour moi ce vendredi 11 Mars 2011, sur un terrain de foot :football:


Aussi anodin que destructeur, ce ballon bloqué au sol allait plier ma jambe. Littéralement. L’articulation à l’équerre, arrachant ligaments croisés antérieur et postérieur, ligament latéral interne, tendon rotulien et capsule articulaire de ce genou droit.

Cela fait donc 6 ans aujourd’hui et autant d’années d’un “nouveau moi”.

Monsieur M., vous souffrez d’une luxation de genou. Mon but est de vous faire marcher à nouveau mais le sport, c’est terminé.

Par ses mots, si douloureux et paralysants, celui qui allait devenir mon futur (et excellent, Rémi, si vous lisez ce blog un jour : merci) chirurgien orthopédique, réveillait en moi un sentiment peu quantifiable, entre colère, instinct de survie et envie de révolte. A ce moment précis, bien qu’au fond du trou, j’ai connu ce qu’il y avait de plus fort en moi : une volonté presque animale.

Colère

Si il y a un sentiment immédiat dont je me souvienne, c’est bien la colère. Teintée de pessimisme, certes.
Quoi de plus injuste pour un jeune homme de 23 ans à cette époque, que de se retrouver près de 3 mois en fauteuil roulant, en rééducation, douloureux et diminué pour le reste de ses jours alors que, dans le même temps, il ne voulait que faire un peu de sport pour s’amuser et pour sa santé ?

Je veux dire… il y a tellement d’injustice à ce moment, vous pensez à toutes les personnes qui jouent avec leur vie sans le moindre problème. Oui, ce n’est pas bien et je n’en suis pas fier, mais j’ai pensé pendant de longues semaines que ce qu’il m’arrivait, un autre le mériterait plus.

Survie

Vous entamez une longue rééducation, qui se poursuivra sur près de 18 mois. Des hauts. Des bas. Quelques satisfactions, quelques doutes aussi. Accepter. Oui, accepter enfin les faits, la résilience ne serait pas ou peu possible mais, à défaut d’efforts, l’impossible pourrait devenir presque réalisable.

En repensant à cette période, j’associe inévitablement tous les kinésithérapeutes et autres médecins, notamment ceux rencontrés dans ce centre de rééducation (le “Clos Champirol”) pendant une année.

Révolte

Il y aura bien eu quelques doutes durant ces 18 mois. Mais je crois me souvenir qu’à aucun moment je n’ai oublié cet objectif : revêtir mes tenues de sport et reprendre le fil de cette vie remplie de sport. Car je le concède, je suis têtu comme une bourrique, et c’est peu dire… :lol:

“Mon but est de vous faire marcher à nouveau mais le sport, c’est terminé”, ces mots me hanteront encore quelques années… Comment ? Pourquoi ? Non, ce n’est pas le moment et c’est à moi de décider ce que je peux ou ne peux pas réaliser.

Le sport a façonné ma vie depuis mes 4 ans. Judo, football ou tennis, le sport a tenu un rôle quasi parental sur mon éducation, mon caractère et la personne que je suis aujourd’hui. Sans parler de l’adrénaline de la compétition… ce foutu dépassement de soi qui exige une implication physique complète.

Aujourd’hui, le genou tient bon. Comme il le peut et sans certitude pour le jour suivant. Bien sûr, il y aura irréversiblement un avant / après cet accident.

Mais j’assume être à ce jour le meilleur, le “100%” de ce moi réparé, à défaut d’être guérit. Le sport, je l’ai repris. Mieux, je progresse encore en compétition :smile:


Genou, 11.03.2011
Pré opératoire, au réveil après les urgences, surprise… Immobilisation requise pendant 6 semaines
Genou, 11.03.2011
Pré opératoire, quelques heures avant l’opération… la jambe est revenue dans son axe
Genou, 11.03.2011
Post opératoire, le pansement est à la hauteur des attentes…
Genou, 11.03.2011
Post opératoire, près de 3 semaines après… une cicatrice se devine… 42 agrafes en moins, ça soulage aussi !

 

Il ne faut jamais abandonner ses rêves : l’espoir est le commencement de toute chose.